Tu aurais pu être un artiste
Si tu n’ étais mort en chemin
Ce que ta sœur atteste triste
Partage ce don colle et peint
Ce que les hommes cruels nomment
Destin te lamina en somme.
Au jeu tragique de la guerre
D’y jouer, étais-tu fier?
Es-tu parti joyeux ? ou bien
Parti, pour défendre ton bien?
On t’a dit « les soldats sont là. »
Ton frère est parti au combat
La vile guerre était en marche
Au pas lourd des bottes hostiles
Passant sous les belles arches
Et sur les ponts de cette ville
C’était à Lunéville ou Metz
Un dimanche à l’heure de la messe.
Tu avais, a-t-elle dit, de l’or
Comme au dehors au dedans, de l’or
Un cœur d’or, de l’or dans les mains
Sont il de toi ces beaux dessins
Fines aquarelles et lavis ?
Que l’on découvre émus ravis?
Au dessus des photos jaunies
De ces vieux albums de famille ?
Tes 19 ans figés nous parlent
Au dessus de l’àtre ils parlent
Sous un front haut, visage d’ange
T’ a-t-on dit « vois les all’mands là »
T’a-t-on dit « va vole et nous venge? »
A la guerre ton aîné va
T es-tu dit ? » et pourquoi pas moi ! »
Qu’importe ce qui s’ est dit
Un jour au maquis tu partis
Vous partites deux frères en chantant,
Ou partites deux frères en pleurant
Presque encore deux enfants.
A la guerre comme l’ainé
De résistance auréolé
De si jolis petits soldats.
Vous êtes enrôlés dans les bois
De votre enfance départis
En prenant le maquis.
Et c’ est ce dimanche maudit
Que vous fùtes traqués en fuite
Deux frères qui aimaient la vie
L’un survit conta cette traque
Qui dut son salut à l ‘autel
Où le dissimula le prêtre.
L’ autre c’ était toi
Tu ne revins pas
Tu aurais pu être un artiste.
Ce que ta sœur atteste triste
Si tu n’ étais mort en chemin.
Ils étaient deux frangins
Presque encore des enfants
L’un caché sous l autel.
L’autre sacrifiê haut et court
Sur l autel de la bravoure
Au grand gâchis de petits hommes
Que les cruelles guerres font.
Tu aurais pu être un artiste
M’a dit un jour ma tante triste
Si tu n’ étais mort en chemin