Lettre à mon Papa
Mon bien cher papa
7 ans déjà que tu t’en vas
7 ans parti et pour de bon
7 ans qu’en moi je garde
précieusement et tristement
cet héritage ambigu :
tant de colère passée,
Tant de frustration
de révolte et d’inhibition
et tant d’amour pourtant
Et tant d’amour portant
à bout de cœur, du bout des lèvres,
au bout des bras
mon bien cher papa
approché et chéri
quand la fin arriva
toi qui,
ces dernière années,
ces quelqu’ultimes mois,
plus que l’ombre de toi même
a su baisser l’armure
donner de toi la quintessence
l’amour que malgré tout
tu ressentais pour nous
cet amour que tes cassures,
Cet amour que tes fêlures,
la vie quoi
ne te permettait pas d’exprimer.
pardonne moi papa
ce poème qui suit
imparfait
brut
autant que brute
ce poème écrit
il y a bien longtemps
c’est une autre réalité
un autre aspect de toi
de nous
que je ne peux oublier
et qui me façonna
Permet qu’à mon tour
avec toutes mes fêlures,
Et toutes mes cassures,
Je te le dise
Je t’aime Papa
Papa
La vie passe et ne nous rapproche pas, papa
Si tu es là, toute ma faconde s’en va
Quand tu me regardes je me sens si bornée
Ton mépris m’écrase et j’ai envie de pleurer
Et pourtant je me dis que je ne t’aime pas
Et qu’à ton égard bardée d’indifférence
Je poursuis mon chemin sans rencontrer tes pas
Pour ne plus sans fin vivre cette souffrance
Tu sais ce n’est pas vrai que je ne t’aime pas
C’est de l’amour déçu le chant du cancrelat
Je te trouve si beau, j’admire ta prestance
Ta générosité, ta rigueur et constance.
J’envie même ton calme et cet air si blasé
Avec lesquels tu semble affronter cette vie
Tu tiens toujours ton cap malgré tous les soucis
Toutes les embûches dont la vie est chargée.
Et je suis fière de tes actions passées
Pris dans la tourmente tu n’as pas louvoyé
Tu as fait partie de ceux qui ont résisté
Et tu en es sorti grandi ! ou bien cassé ?
De ce qu’on imagine, et de ce qui est caché,
Qui fit de toi un Dieu, un ange ou un démon
Mais où est l’humain ? le partage ? l’affection ?
Où est la tendresse ? A qui l’as-tu donnée ?
Tes sarcasmes me tuent, l’ironie me détruit
Je ne sais qui tu es, je ne sais qui je suis.
Où est l’émotion, où sont les jeux, les rires,
Où la confiance ? du regard qui construit ?
Tu m’as donné la vie, qu’as-tu d’autre à donner ?
Tu es si généreux, j’aurais souhaité aussi
Que tu aies pu me dire un jour que tu m’aimais
Qu’un jour j’ai pu l’entendre et que j’en sois changée
Qu’enfin je sente en moi toute ton affection.
Et vivre une autre vie, d’autres relations
J’ai voulu dans ton regard me sentir jolie
Je n’y ai rencontré qu’agacement, mépris
Au mieux une indifférence amusée, tu ris ?
Cette ironie glacée ! j’ai souffert si tu savais !
C’est aussi ma faute ce rendez-vous manqué
C’est croyant bien faire que maman j’ai choisi
De ton ironie j’ai voulu la protéger
Je n’ai pas du ainsi apprendre à te parler
Je revois cette ado éplorée, écorchée,
Et puis l’adulte aigrie qui lui a succédé
C’est mon pauvre papa que je suis accablée
Par ta seule présence par mes seuls regrets
Oh papa pourquoi cette relation manquée ?
Pourquoi tant de tristesse ? pourquoi le regretter ?
Et qu’importe à présent que j’ai trente-quatre ans
Et que j’ai des enfants, que ma vie est ailleurs ?
Si tu savais papa tout ce que j’ai pensé
Je t’ai haï parfois j’ai souhaité que tu meurs
Bien que ces sentiment m’aient toujours fait horreur
Tellement j’ai souffert de vivre dans la peur
Mais je suis parano tout le monde me dit
C’est ta façon à toi que d’aimer tes petits
Que tu ne peux autrement dire tes sentiments
Aime bien châtie bien c’est ce qu’on m’a dit
Il m‘a manqué ta confiance tout au long de la vie
Je suis si lâche aussi et je n’ai pas su te dire
Sinon qu’ironique à mon tour en sarcasmes
Tout ce que je t’écris baissant les bras, les armes
Et ces mots là refluent tout au fond de ma bouche
Et tous ces temps pourtant je me disais c’est louche
Te voyant détendu je me disais j’accouche
Et d’adulte à adulte enfin je lui parle
Que ces mots ressassés, sortent enfin de ma bouche
Père admirable, père abhorré
Père redoutable, père adoré…
Mon père quoi qu’il en soit
(Ecrit en 1999, revu en 2018)
Si seulement je savais écrire aussi bien que toi, faire sentir les bords de la plaie et en même temps, parce qu’elle est partagée, commencer à panser la blessure, et aussi me permettre de mieux penser ces ruptures, ces cassures d’incompréhension, ces ratures dans la logique enrayée par les loyautés quelque peu dévoyées par ses absences et trop déterminées par la présence « aimante », aigrie et malmenée de notre mère… Mais c’est bien comme ça aussi, parce que je sens mon coeur se remplir d’amour pour toi qui fait ce travail d’amour, et m’aide à le faire aussi. Je t’aime petite soeur
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Merci ma Nicolette je t embrasse
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Joli hommage, emprunt de sentiments contrastés et chargé d’émotion.
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Merci Dom pour ton approbation 😊des bises
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